Un article de Jean-Pierre Langellier dans le Monde nous donne une idée de la naissance d'une nouvelle langue : le portugnol, ou portunhol. C'est une langue qui se répand et qui combine mots et prononciation espagnols et portugais, en fait brésilien. Cette langue aurait vu le jour à la frontière de l'Argentine, du Brésil et du Paraguay .
"Le portugnol multiplie les adeptes qu'il séduit à sa manière - spontané, chaleureux, créatif." Il commence même à s'écrire. Cela veut-il dire qu'il va se créer en Amérique latine une langue latine simplifiée fille de l'espagnol et du portugais? On peut en douter, car ceux qui publient en portugnol sont essentiellement des Brésiliens qui détruisent leur propre langue, sans espoir de créer une langue neuve, car les hispanophones ne participent que très peu à ce brassage. L'espagnol prendra le dessus. C'est pourquoi l'opinion des Brésiliens avisés est la suivante : Ils déplorent la prostitution de leur langue et craignent qu'elle soit victime d'un effet de succion par l'espagnol. Et, comme leur clairvoyance n'exclut pas l'imprudence, ils recommandent qu'on développe le bilinguisme à l'école. Au Brésil seulement, naturellement, pas dans les pays hispanophones.
Nous savons, nous, francophone ce qu'on doit penser du bilinguisme par la référence canadienne. Les seuls qui soient véritablement bilingues sont les Québécois, les autres Canadiens méprisent comme on sait le français ("on n'a pas plus besoin du français que du sida") L'effet du succion se produit donc inévitablement. Les politiques, dont c'est l'objectif, y travaillent hardiment. On peut affirmer qu'en France même, la situation est identique.