Une loi a été votée à Paris, qui vante les mérites de la colonisation. Les peuples anciennement colonisés s'en souviennent encore. Ils ont fait savoir ce qu'ils pensaient
de cette loi. Elle n'a donc pas été promulguée.
Il fut un temps où tous les petits enfants de France apprenaient comme premier cours d'histoire : "Nos ancêtres les Gaulois vivaient à peu près comme les peuplades
sauvages d'aujourd'hui." De là, on assurait que c'était un bien que les Gaulois aient perdu, les Romains gagné, et que nos sauvages se soient noyés dans la culture latine.
Jusqu'aujourd'hui, ce point de vue est encore diffusé. En témoigne une émission de télévision enquêtant sur la localisation du site d'Alésia. Là, se déroule la bataille
qui décide de la disparition de la personnalité celte de notre Gaule.
Quel titre a-t-on donné à cette émission ? "La victoire d'une défaite" La défaite est celle du malheureux Vercingetorix, et la victoire, celle... des Français. L'acte de
naissance de la France en 52 avant J-C. Cinq siècles avant Clovis !
On reste perplexe devant un tel trucage de l'Histoire. Qui peut avoir intérêt à faire l'éloge du colonialisme ? Aujourd'hui, on entend plutôt défendre l'opinion
inverse : on veut protéger la France des envahisseurs.
La question n'est pas nouvelle. Déjà, un article du "Monde" daté du 7 décembre 1948 a pour titre: "Un péril national : l'immigration incontrôlée des travailleurs
nord-africains." Le "péril" n'était pas alors perçu par le peuple et ne pouvait pas constituer un enjeu électoral.
Aujourd'hui le discours politique en est imprégné. Marine Le Pen s'en prend à l'occupation des rues de Paris et monsieur Finkielkraut s'exprime ainsi après les émeutes
des banlieues : "Ce qui m'inquiète, c'est la désaffiliation nationale. Je dis donc effectivement que lorsque certains jeunes émeutiers évoquent entre eux 'les Français', nous sommes perdus." Cela
est vrai et le dissimuler ne ferait qu'aggraver les antagonismes. On ne peut guère nier qu'il règne en France une sourde inquiétude à voir tant de gens refuser de s'intégrer au peuple
français dans lequel la loi semble les avoir inclus de force.
Mais l'intégration est-elle seulement possible ?
Plusieurs facteurs s'y opposent :
1- Il semble que dans le monde entier, les Musulmans aient l'impression d'être en situation d'humiliés et qu'ils ne voient pas de possibilité d'en sortir. Cela se
retourne contre "l'Occident". En France, contre "les Français".
2- Les lacunes de l'école de la République, faite pour les bobos, certainement pas pour les enfants dont les parents ignorent tout de ce qu'est devenue notre instruction
publique et qui croient avoir fait leur devoir quand ils ont envoyé les enfants en cours (aussi longtemps qu'ils ont quelque pouvoir sur eux.) Seules la méthode, la rigueur, l'autorité, bref,
l'école de Jules Ferry qui apprend à lire, écrire et compter est efficace. Toute autre méthode trahit le petit peuple.
3- Quant au désir de s'intégrer à un peuple, (qu'on demande aux immigrés) il ne peut venir que de la dignité et de la fierté de ce peuple, de son armée, de sa monnaie, de
sa diplomatie, de sa culture, non pas de sa lassitude, de son autodénigrement, de son désir de s'en remettre à d'autres pour se gouverner et se défendre, et encore moins de confier à une langue
étrangère de l'exprimer, de lui transmettre des directives.
Non ! pour qu'on ait envie de s'intégrer à une nation, il faut qu'elle ait du prestige, ou du moins qu'elle soit respectable et fière d'elle-même. Si elle s'abandonne et
se soumet, se considère comme une province d'une autre république, personne ne voudra en faire partie, et nos immigrés voudront appartenir à une ethnie étrangère de plus dans un grand tout
européen hétérogène.
Nul doute qu'il sera beaucoup question de cette colonisation dans la prochaine campagne qui a déjà commencé. De l'autre colonisation, celle qui tue à coup sûr, personne
ne parle. Nul ne soulève le problème de l'identité culturelle de la France qu'on détruit de minute en seconde.